mercredi 9 janvier 2008

Vedi Napoli e poi muori

Naples compte environ 975 000 habitants, pour une agglomération qui en regroupe plus de quatre millions et qui en fait une des plus grande citée méditerranéenne, loin devant Marseille.

Le grand Naples est la deuxième plus importante conurbation italienne, après celle de Milan. Couplée à une riche histoire, cette taille donne à Naples le titre officieux de « capitale du Sud. »


OK.



Maintenant vous avez tous, gens informés que vous êtes, entendus parlé des derniers événements qui ont eu lieu à Naples.


En résumé : l'état d'urgence a été donne en 1994, aujourd'hui les décharges autour de la ville sont pleines, les ordures sont laissés dans les rues depuis des semaines, ça pue, c'est infect, les gens sont pas contents et l'été arrive.



Question : pourquoi les décharges sont-elles pleines ?

Réponse : parce que dans cette région, le taux de recyclage = 7%, ce qui est largement inférieur à ce qui se fait partout ailleurs en Italie (moyenne national = 35%), et en Europe.

L'incinération n'est pas vraiment une solution car c'est très cher, les normes sont mises à jour quasiment tous les ans.

Les décharges sont des équipements publics. Celles de la région de Naples reçoivent des déchets industriels (en cachette, pendant la nuit), et des déchets venus d'ailleurs, d'Italie voir des pays limitrophes, voir plus loin.
Pourquoi ?
Parce que les coûts sont ici 10 fois moins chers qu'ailleurs.
Et oui ! Pour enfouir mes déchets il faut bien que je paye celui qui va le faire ou celui chez qui on va enfouir. A Naples, c'est pas cher du tout.
Pourquoi ?
La Camorra. Chiffre d'affaire annuel estimé = 10 milliards d'€.
Plus que la cocaïne ou les armes.

Résultat ?
On estime que les déchets stockés ici illégalement formeraient une montagne de plus de 14 000 mètres de haut. (Everest = plus de 8000 m. Hawaï qui est en réalité la plus grande montagne au monde = à peu près 14 000 mètres)
BOUM !! Hawaï à Naples !! Avouez c'est le paradis !!


Question : pourquoi n'a-t-on pas ouvert de nouvelles décharges ?
Réponse : il n'y a personne pour décider de l'ouverture de ces nouvelles décharges. Toutes les têtes des administrations sont soupçonnées d'être à la solde de la C.
La situation est bloquée.



Est-ce le seul problème ?

Avec le volume et la quantité des déchets, vient la toxicité.
Les décharges ne sont évidemment que des trous. Hors les déchets, ça suinte.
Et ça suinte quoi ?
Des métaux lourds, des dioxines, des beuârk... qui se retrouvent dans l'eau...que les habitants boivent, ou se baignent dedans...ou dans l'herbe que mangent les vaches, ou dans l'eau des poissons, ...

et en plus ce qui est rigolo c'est qu'on peut supersposer les cartes de brûlages interditrs de déchets illicites avec les cartes de cancer, de mortalité infantine, et j'en passe.







Bon.
Maintenant : la situation est-elle à la base ingérable ?
Récapitulons :
Beaucoup de déchets, comme partout ailleurs.
Des déchets déversés illicitement, comme partout ailleurs (j'ai vu la photo d'un camion débourbeur déversant sa cargaison dans le fossé au bord de la route...à Angers, ville accueillant le siège de l'Agence pour le Développement Et la Maîtrise de l'Energie...hum).
Un problème de place pour les décharges, comme partout ailleurs (en France aussi il y a un lobby des principaux prestataires en matière de décharges : "oui mais monsieur il faut nous payer plus parce qu'on a vraiment boucoup du mal à trouver une ancienne carrière pour faire une décharge, oh làlà voui madame").


Bon alors qu'est-ce qui cloche ?
Mauvais gestion, mafia, je-m'en-foutisme écologique, intérêts particuliers, administration inexistante.


On entend parallèlement à tout ça que le populations manifestent de plus en plus contre les organisations mafieuses.
Suffira-ce à court terme pour régler le problème ?
Probablement pas, puisque rien que pour construire les équipements nécessaires il faut du temps.
Mais à moyen terme, si les régions limitrophes donnent un coup de main, pour détourner de Naples les flux de déchets, et si la mafia y mettait un peu du sien...

11 commentaires:

Anonyme a dit…

et si la mafia y mettait un peu du sien...
je rève ?

Melchior Griset-Labûche a dit…

Merci pour cet exposé particulièrement clair et frappant.
Comme vg, je tique sur la dernière phrase. Mais quoi, la Mafia a aidé les Alliés à gagner la WWII, alors s'il faut en passer par là !
Je crois que c'est dans Les Météores, que Michel Tournier décrit la guerre des rats contre les mouettes sur la décharge de Marseille...

zizule a dit…

tant que ces déchets sont correctement gérés, respectant l'homme et l'environnement...et si il n'y a que comme ça que ça peut marcher!!
au plus vite !

Moukmouk a dit…

Je ne pense pas que les Napolitains aient encore compris la taille du problème... il va malheureusement devoir y avoir des épidémies, des morts, pour que les solutions collectives commencent à s'imposer. Dommage, très dommage.

Anonyme a dit…

je suis assez d'accord avec moukmouk sur ce point au moins (et en l'occurence ya pas que les Napolitains qui n'ont pas pris l'ampleur du truc, toute l'Italie et l'Europe qui envoient leurs déchets... bref, tout l'monde quoi, comme d'hab) l'homme est ainsi fait qu'il ne réagit que quand il vient de se prendre le mur. au pied du mur il... voit le mur. c'est tout.

dans le même ordre d'idées, il va falloir longtemps avant que le monde se rende compte que la voiture c'est plus possible : les gens vont continuer LONGTEMPS à payer des prix exorbitants à la pompe, ils préfèreront économiser sur d'autres choses... la bouffe par exemple... qui elle aussi va devenir de + en + chère... on va devoir choisir entre bouffer et faire avancer sa caisse de métal...

Anonyme a dit…

@ Dodinette
Il ne dépend que de nous ("We, the People") de faire que ça change.

Dodinette a dit…

@ melchior, le problème c'est qu'il faut que "the people" en reconnaisse l'urgence. les gens éduqués, encore relativement "libres" et pouvant faire ce choix-là le font.
pas ceux qui ont plus de responsabilités, ou disons plus de logistique à assumer, i.e. les familles, surtout si elles sont installées loin de centres urbains, ont un crédit sur leur maison trop-grande-mais-avec-jardin-et
-piscine, un autre sur leurs 2 voitures minimum parce que pour aller travailler chacun ET emmener les enfants en garderie, il faut bien ça (cf. les transports en commun qui n'assurent pas toujours leur rôle, et quand ils le font ne sont pas vraiment adaptés pour les gens qui transportent des enfants en bas âge, surtout à l'heure de pointe...)

je ressors ma rengaine, mais c'est BEAUCOUP plus facile d'être écolo, engagé, etc. quand on est seul (ou en couple), de préférence jeune et en bonne santé, et qu'on accepte les sacrifices qu'impose la vie dans un petit loyer de centre-ville.
dès que tu as des enfants, tout est remis en question.
je me rappelle notamment l'histoire de l'empreinte écologique d'il y a quelques mois : les mères de famille étaient automatiquement "out", entre les couches jetables (elle n'est pas encore très implantée la couche lavable, même si elle gagne du terrain !), les boîtes/petits pots de bouffe pour enfants, les conduites de garderie parce que ce n'est pas toujours possible d'en trouver une proche de sa maison, etc.

c'est un peu facile de dire "il ne tient qu'à nous", je suis d'avis que le vulgus pecum fait déjà beaucoup. c'est au niveau supérieur qu'il faut que ça se joue *aussi* : les politiques doivent décider d'augmenter la fréquence et l'étendue des transports en commun, les entreprises doivent proposer des solutions alternatives (quand c'est possible) type télétravail, les municipalités doivent s'engager plus clairement pour la gestion raisonnable des déchets, s'il le faut avec le bâton puisque la carotte ne marche pas si bien - ramassage plus fréquent de déchets plus triés, compostage systématique en proposant des points de compostage plus proches, etc. c'est enfin aux multinationales de décider d'arrêter les emballages multiples, genre pourquoi quand j'achète du yaourt il y a d'abord l'emballage du paquet de 12, puis celui des yaourts individuels ? il suffirait de proposer uniquement des pots grande taille...

bref.
le vrai problème, c'est de trouver une façon de concilier notre mode de vie "moderne" avec le devoir environnemental, parce que sinon on peut courir longtemps pour que les périurbains, qui constituent la majeure partie de la population, marchent avec.

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup la fin, Zizule Luther King :)

(t'as de bonnes notes, tu sais)

zizule a dit…

eh dites donc : vous avez fini de vous engueuler sur mon blog ?

à Dodinnette le record du commentaire le plus long depuis un an que ce blog existe

ça commence à devenir interessant



je ferai un post là-dessus (il est quasiment déjà près) mais en avant bouche :
un bon moyen de réduire la consommation, le gâchis, l'utilisation, etc... serait pour les entreprises de ne plus vendre le bien, le produit, mais le service rendu.
Exemple : au lieu d'acheter un nouvel ordinateur, on me change dans un temps et pour un prix avantageux (contrairement à ce qu'il se passe de nos jours) LA pièce défectueuse ; exemple je fais du "car-sharing"; exemple j'installe dans mon usine une petite machine gtande comme un petit frigo qui me fabrique à partir de composés inoffensifs le solvants toxique dont j'ai besoin, évitant ainsi son transport et son gâchis ; le télétravail, comme le disait Dodinette, marche aussi ;...


Evidemment cela implique une reconsidération "du paradigme economique productiviste traditionnel" (je l'ai lu dans un bouquin, c'est r=trash hein ?) : en gros il ne faut plus considérer que consommation = croissance.


Je détaillerais avantages et inconvenients dans un prochain post.

Anonyme a dit…

ha voui je suis ENTIÈREMENT d'accord avec ça : il faut OUBLIER que le futur n'existe que si et seulement si il est accompagné de *croissance*.

à quand les hommes politiques qui le disent clairement ?? au lieu de pousser à la consommation pour surtout surtout surtout surtout... soutenir la croissance.

croissance.

ta mère oui.

Anonyme a dit…

En cherchant de la doc sur l'apoptose, je suis passé par tardigrade ce qui m'a permis de découvrir votre nez et vos lunettes : bravo !

Fafa