mardi 29 avril 2008

L'Homme est un loup pour ... le mammouth nain des îles méditerranéennes

Librement inspiré du livre de Mr. Weisman : « Homo Disparitus », 2007.


Lorsque l’on compte le nombre de mammifères disparus depuis 65 millions d’années (oui je sais c’est une drôle d’idée et y en a qui n’ont vraiment que ça à faire, mais accrochez vous c’est du lourd), et bien on se rend compte qu’en -13 000 ans avant nous, toute une série de disparitions d’espèces a eu lieu.

Au début de la période suivant ce pléistocène, l’holocène, d’autres espèces furent touchées :
exclusivement des grands mammifères terrestres.
Les petits et les marins avaient été épargnés.
La mégafaune terrestre avait reçu une gifle aussi monumentale que fatale.

Parmi les disparus, une légion de colosses du règne animal :
le tatou géant (coccinelle blindée),
l'ours géant à face courte (2 fois plus grand que le grizzly),
le castor géant (aussi gros que les ours noirs actuels),
5 espèces de paresseux géant (de la taille d’une vache jusqu’à plus gros que les mammouths),
et les fameux mammouths laineux (comprenant les mammouths américains, les mammouths de Colomb vivant en Californie, les mammouths nains des îles méditerrannéennes),
les mastodontes (là depuis 30 millions d’années),
plusieurs espèces de chevaux,
les chameaux nord-américains,
le tigre à dents de sabre,
le mouflon de Corse,


Ces espèces géantes expliquent, selon certains, que le détroit de Bering n’ait pas été franchi plus tôt par les humains : fallait être dingue pour s'yn risquer !
Elles expliquent aussi la vélocité des rares espèces herbivores qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui : fallait pas être manchot pour survivre !

Mais toute notre mégafaune : envolée, en un clin d’œil géologique de 1000 ans.
Rien qu’aux Amériques : 60 genres de grands mammifères terrestres.
Qu’a-t-il bien pu se passer ?


Une théorie existe et met en lien ces disparitions massives à la sortie des hommes d’Afrique et d’Asie pour se disséminer à travers le globe.
Cette théorie s’appelle « la théorie du Blitzkrieg ».


Elle explique que chaque fois que les humains abordaient un nouveau continent dont les habitants n’avaient encore aucune raison de se méfier d’eux, il n’y avait pas de raisons qu’ils n’en profitent pas.

Lorsque les humains arrivèrent en Amérique, il y a 13 000 ans, ils étaient déjà homo sapiens depuis plus de 50 000 ans, et avaient inventé les lances. Ils décimèrent ainsi les girafes, hippopotames, rhinocéros et éléphants locaux.



Evidemment, d’autres théories existent, telles qu’un changement climatique, l’introduction par l’homo de maladies fatales, etc… Mais cela n’explique pas la disparition exclusive des grands mammifères terrestres, et l’absence de bouleversement au niveau de la distribution climatique des plantes (qu’on peut surveiller avec plusieurs millénaires de recul dans les crottes momifiées, les pollens sédimentés, …).

Pour appuyer la théorie du Blitzkrieg on peut dater au carbone 14 et faire concorder à 1000 ans près, l’entrée de l’homo dans les Antilles puis la disparition du paresseux géant sur ces îles.




Les grands animaux sont faciles à traquer ; les tuer rapporte plus de viande et plus de prestige.
Pourquoi donc reste-t-il encore des grands mammifères ? Grizzly, buffles, ours, bisons, félins, orignaux, …
On trouve en fait encore ces espèces dans des lieux peu peuplés par l’homme, ou dans des endroits où une autre source de nourriture a été privilégiée, comme le poisson.
L’orignal et le bison actuels d’Amérique du Nord sont originaires d’Eurasie. Ils ont vu leurs effectifs exploser après la disparition des espèces autochtones, plus imposantes, géantes...exterminées par l'Homme.



Mais si l’humanité est née en Afrique, pourquoi y trouve-t-on encore éléphants, rhino, … ?
Pourquoi n’ont-ils pas été massacrés comme 94 % des grands animaux australiens ? D’autant plus que la population africaine est plus nombreuse et a été plus longtemps présente que les quelques milliers d’homo ayant décimé en moins de 1000 ans la mégafaune américaine du pleistocène.

La réponse est simple : parce que la mégafaune et l’homo se sont développés de concert. Les animaux eurent en Afrique la possibilité de s’adapter au fur et à mesure que nos effectifs grossissaient.


Simple, non ?

mardi 22 avril 2008

Moeurs ecclésiastiques (bretonnes), by Perspéhone

En visite à la cathédrale de Chartres l'autre jour, je me perds.
Pour comble de malchance, je me perds dans une autre église, ce qui nous fait une perte redondante, d'une église à une église, n'est-ce-pas.

Quoi qu'il en soit, je pénètre dans l'auguste bâtisse d'apparence médiévale et, gaiement accompagnée, j'entreprends d'en faire le tour, sans prêter plus qu'une attention distante au bonheur des parents qui baptisent leur poupon.

En trois coups d'œil j'ai cerné les lieux:
église louche et hétérodoxe;
la gosse s'appelle Tiphaine;
le prêtre est virulent;
et surtout, la tombe de l'évêque.


Ne temporisons plus: je vais vous parler de la tombe de l'évêque (en quelques lignes seulement).

Le monument affiche une structure dédoublée
1/la dalle
2/l'épitaphe
– pourquoi tant de dépense de place me demanderez-vous, pourquoi disjoindre ce qui consubstantiellement est conjoint, eh bien, je n'en sais rien, je suppose qu'il y avait suffisamment de place pour cela.

Là n'est d'ailleurs pas mon propos.

L'évêque, donc, s'est fait graver à petits coups précautionneux une épitaphe latine, lettres dorées s'il vous plaît, et redorées tous les ans, je le vois à leur lustre. Je ne perce par contre pas tout à fait le sens cryptique des vers, parce que les souvenirs des versions latines forment un gros bouchon mental quand je vois une inscription, de quelqu'espèce qu'elle soit, rédigée dans cette langue.

Détournant vers Tiphaine l'attention de ma compagnonne, elle éminemment latiniste, je déchiffre le petit écriteau papier qui figure à droite de l'épitaphe et porte le même texte en, devinez quoi, en français.

« Ici gît »/ « Hic jacet »
Ciel cela correspond, ce marbrier avait tous les talents.

La suite « Ici gît Raoul-Hervé-Marie Hercouët, évêque » je me rapporte à l'épitaphe « Hic jacet blablabla » nous y sommes.
Dans un but honnête de vérification érudite, je colle mon nez à la dalle qui porte décidément les mêmes lettres « HIC JACET RADULPHUS ».

Hein?

D'où sort cette histoire de Radulphus?
« RADULPHUS EPISCOPUS » En toute logique c'est le même, où bien il y a confusion des tombeaux. Mais quand donc cet homme délicieux a-t-il été rappelé? (en latin « obiit »)

Précisons ma pensée:

Radulphus est un nom franc ou germanique, en tous les cas pas breton, je vous l'accorde, et surtout très difficile à porter de nos jours. Si cet homme a fréquenté l'école publique, je vous garantis qu'il n'a dû pas beaucoup rire. Adolescence ruinée etc. Radulphus, non mais, il y a des parents criminels.

Epitaphe, donc. Raoul-Hervé-Marie Hercouët, mort en 1954.

1954.

Pas de Francs à l'horizon.

Méditons un instant cette mystérieuse corruption de son nom.













La suite maintenant. « Hercouët, évêque, comte de Keringant »
D'où sort-ce?
D'où cet évêque du XXème siècle se veut-il comte?
Non content de se radulphiser hors de propos, il impose à nous pauvres gueux toute la morgue de sa dignité féodale?


Tiphaine pousse un large hurlement scandalisé et me voici interrompue dans mes rampades sur la dalle.
Bon, suggérè-je, allons méditer à l'extérieur ces stupéfiantes informations.

Je vous les transmets maintenant telles quelles et avec toute l'objectivité journalistique que l'on me connaît. Il me semble tout de même que cet évêque s'y croyait un tout petit peu.

dimanche 20 avril 2008

Ca s'appelle la classe (sans ç cédille)

avoir un Elu personnalisé

qui travaille à l'Opéra

et qui vous incruste un soir de représentation

...

la classe je vous dis

jeudi 17 avril 2008

ça fioume, ça fioume

Les enfants, faut que je me mette à la cigarette

Très sérieusement


Vous ne vous rendez pas compte du nombre de contrats ou de coups de bol qui vous ont été permit parceque vous êtes allé fumer un bout de trottoir avec la standardiste !

Véridique !!

Un seul doute subsiste, une grande peur demeure : Maman, me pardonneras-tu ?




Bon mais sinon, l'autre jour que je faisais une recherche sur l'économie sociale et solidaire, voici ce sur quoi je tombes :


- Mme Christine SMITH soutient sa thèse de doctorat :

- La substantivation des adjectifs en anglais contemporain


Résumé

Notre projet est de proposer une typologie semantico-referentielle des adjectifs substantives (as) en anglais contemporain.
Notre point de départ est la conscience que la substantivation est un phénomène de restructuration et de condensation syntaxique, aboutissant parfois a une lexicalisation.
Notre démarche a été de mener une étude de corpus en contexte : une analyse morphosyntaxique des phénomènes de surface de l’énoncé, c’est-à-dire la composition du syntagme contenant l’as (déterminants, modifieurs, compléments, etc.) a laquelle s’est ajoutée une analyse sémantique s’intéressant au mode de restitution de la référence des as.
Nous avons mis en évidence le parcours interprétatif déclenché par l’emploi des as, et observe le rôle de la flexion du pluriel dans la densification du sens.
L’association des deux niveaux d’analyse nous permet de proposer un modèle global des adjectifs substantives en termes de modes de catégorisation du réel.
La richesse sémantique des as, l’expressivité et la creativité qui s’en dégagent en font un objet d’étude multidisciplinaire.





Chais pas vous, mais c'est assez grisant non ?







PS : vous vous souvenez de l'autre jour où je devais trouver 2000 t de pare-chocs ?
et ben aujourd'hui j'ai trouvé 250 ordinateurs !!!
Ouééééééééééé!!!
Tout pour recycler, voui môssieur !
Chuitrofort'e !

dimanche 13 avril 2008

JJJ : La joyeuse Journée du Jeudi

6h00 : les éboueurs commencent à jouer au foot avec les pouvelles de verre
réveil 6h15
départ 6h45 (avec optimisation des phases de toilettes, de sautage dans frusques éparpillées la veille et de mangeage de ce qui traîne à côté du lavabo)

dévalage des 78 marches vers le tapis de mégo et de verre concassé qui me sert de rue
courage vers le métro
dévalage des escaliers glissants du métro (on est Paris, il pleut) : 32 marches
changeage de métro : 47 marches vers le bas
arrivée à la gare : 132 marches vers le haut (en escalator) + les 3 marches du train

1h10 de train, que dis-je, d'hébétude

arrivage
hop hop !
3 marches du train
courage vers le métro : 72 marches vers le bas
sortage de métro : 45 marches vers le haut
prenage de bus : 1 marche + le trottoir

10 minutes de marches + 10 marches plus tard : arrivage au bureau

travaillage

10 marches et manger
10 marches et retour au bureau

17h15 : repartage
courage optimisé de 6 minutes vers l'arrêt du bus (au lieu des 10 à l'aller)
re-bus
re-Métro
re-train
re-re-métro-changeage-métro

courage vers mon chez moi, dans une rue nettoyée et prête à la prochaine nuit de débauche
jetage du sac sur le matelas, avalage de ce qui traîne dans le frigo, et repartage de plus en plus vite au cours de danse : 78 marches vers le bas + 27 marches de la salle de danse

sautillage frénétique pendant 1h dans les bras de différents énergumènes, dont l'un, me prenant dans les siens, s'écrit subitement "wouaah, t'es une fille musclée !"
"Qué ?" réponds-je
Lui, me palpant les dorsaux : "ben ouais musclée quoi"
'fectivement me dis-je, le squelette qui me sert présentement de partenaire doit être "easily impressed" dans ce domaine

repartage vers mon chez moi : 27 marches vers le haut + 78 marches vers mon lit
+ 1 marche dans la douche

+1 trébuchage jusqu'au fond de mon oreiller



Et le Vendredi ?
rebelote
...
le cours de danse et les commentaires anodins sur mon anatomie en moins

vendredi 4 avril 2008

(attention ! qui voici ?) Des Ursulines au pieds des Tours

Encore une belle étape poétique et universelle de nos banlieues.

Il y a à Saint-Denis mille attractions touristiques dignes d'intéresser nos dimanches:
à ce titre Perséphone, alias moi-même, emmène son amie Z. voir de vieux morts dans la basilique.
Z. est un personnage connu de vous tous et dont je préfère taire le nom, pour diminuer la portée de certaines affirmations que je pourrais porter contre elle, si l'humeur me venait d'arranger les faits n'importe comment.

À Saint-Denis donc se dresse la, euh, basilique; j'hésite sur le terme parce qu'il ne m'a pas encore été loisible de vérifier dans un dictionnaire ce qu'est exactement une basilique – permettez-moi de snobiner un peu et d'invoquer mes cinq années d'étude du grec:
dans « basilique » il y a Basile, bien sûr, mais Basile que je ne connais pas n'a rien à voir avec notre affaire, et puis il y a basileus qui nous intruira beaucoup plus.

« Basileus » vaut pour « roi ».

Réflexe subit du philologue: dans une basilique on doit mettre des rois.

Mais songez-y un peu, inconscients!
Lequel d'entre vous n'est pas entré dans une basilique, peut-être pas celle de Saint-Denis je vous l'accorde, qui, méritant très officiellement son nom de basilique (par une pancarte du Ministère de la Culture apposée à l'entrée), ne contenait aucun roi? Pas même un petit? Pas même un oublié voire pas français? (Comme on en voit à Saint-Germain-en-Laye dans une église, qui, soulignons-le au passage, n'est pas du tout une basilique)
Et puis si toutes les basiliques devaient contenir des rois, ma foi, il n'en resterait plus pour les mettre dans les cimetières. Et il faudrait une production annuelle de rois qui, même aux époques les plus royalistes, me semble incompatible avec la pudeur de nos dynasties.

...


Fermons ici le dossier basilique. Si quelqu'un d'entre vous a sur lui la clef de ce mystère, ou un accès fréquent à Wikipédia, qu'il ne nous celle rien.



De toute façon Perséphone et Z., à force de débattre de ces graves matières, et d'autres encore, sont arrivées en retard à Saint-Denis et n'ont plus franchement très envie de voir la maudite basilique. Pour ne rien arranger, il est bientôt cinq heures, et voilà-t-il pas qu'on annonce à coups de clairon que les dernières entrées auront lieu à cinq heures et demie, et qu'elles précèdent les expulsions à coups de pieds; par contre aucun rabais pour les retardataires, alors franchement, non.

Z. et P. se laissent tenter par la fraîcheur du soir dans les ruelles goudronnées, et délibérant de leurs vies futures et intéressantes elles achètent une botte de poireaux, et deux livres d'avocats, pour caler leurs livres une fois rentrées à Paris.

Délicieux panorama, Saint-Denis, pourquoi aller perdre son temps en voyages n'est-ce-pas, et je ne te raconte pas le prix des entrées dans les sites, c'est à croire qu'on se moque de nous, ici ça m'étonne d'une mairie communiste, ils pourraient au moins faire un effort pour les Parisiens, oh tu as vu ce joli fronton XVIIème?

...

Un fronton XVIIème?
Où ça?
Perséphone traverse la rue pour mieux admirer le fronton XVIIème que, sans la perspicacité de sa compagnonne, elle n'eût jamais remarqué; et il n'y a pas tant que ça de frontons XVIIème à Saint-Denis pour se permettre d'en laisser passer un quand il surgit.

Une mamie claudicante et peu émue par nos roulades se dispose à ouvrir la porte du fronton où, apparemment, elle vit; manque de chance, les frontons XVIIème sont sans pitié, et ils tendent des pièges aux mamies; la voici qui claudique dans l'encadrement de la porte au point de manquer s'étaler de tout son long, la chute est imminente mais Z., qui a plus de vivacité d'esprit et qui n'est pas de l'autre côté de la rue, elle, la prévient et sauve la grand-mère d'un péril affreux.
La vieillesse est généreuse. La grand-mère – appelons-la Monique – constate que nous avons voulu sauver le fronton XVIIème autant qu'elle de probables amochements et, en remerciement de notre action diligente, elle nous convie à visiter les dessous du fronton.
« C'est en semaine que je fais les visites, mais pour vous je vais faire une exception. »
Nous espérons que vous mettez en rapport toutes les informations: couvent-fronton XVIIème-visite.

P. et Z. pénètrent dans une cour pavée et arborée fort ancienne, et d'allure un peu décrépite; il n'est pas exclu qu'une ferme d'Île-de-France, aux alentours de 1630, ait ressemblé à cela; mais enfin ce n'est pas mal et j'ai bien des voisins qui préfèreraient à leur appartement une bonne vieille ferme d'Île-de-France avec ses charrues et ses boeufs et son parfum d'authentique. Monique a de la chance, la fieffée larronne.
Elle nous désigne d'ailleurs, d'un geste ample quoique claudicant, la cour et les dépendances: « Ceci est la première cour ».

Attendons la suite.

La deuxième cour est plus au niveau. Qu'on se figure une cour, hein, moins un côté, et dont la largeur n'égale pas la longueur (c'est-à-dire qu'elle n'est pas carrée); à gauche des maisons à jardinets bourrés d'enfants et de chats, à droite un mur. Au milieu, des pavés, et des chats aussi, en transhumance.

Monique se visse entre droite et gauche, sur les pavés donc, et nous interroge sur ce que nous pensons du lieu. L'une de nous deux se risque:
« C'est vieux, non? »
Evidemment c'est XVIIème, vous l'avez compris; sautons donc la réponse de Monique et venons-en au plus sérieux.

Ceci est un ancien couvent d'Ursulines, ordre non cloîtré de religieuses enseignantes; notre fronton et tout ce qu'il renferme ont connu d'étranges aventures, réquisitionné par les Bleus en 1790, entrepôt de poudre, entrepôt d'armes, école, vendu par lots à la Restauration, abattu, remonté, privé enfin de ses Ursulines depuis plus de deux siècles, depuis que les pauvres mignonnes ont quitté notre sol ingrat pour trouver refuge au Québec.
Idée bizarre.
Enfin le couvent n'est plus un couvent, c'est une copropriété, et les cellules étroites ont été réunies pour former des appartements de pauvres. Notons tout de même que le réfectoire et les salles de classe, qui sont plus grands, deviennent des lofts de médecins (d'où la grande quantité d'enfants sains et robustes). (Pour les chats je n'ai pas d'explication)

Monique lit les archives le dimanche et même les autres jours de la semaine, par quoi son avis est autorisé et même un peu beuglard.
À sa décharge Monique est sourde. Z. qui s'efforce d'alimenter la conversation par des remarques pleines de bon sens tombe donc une fois sur deux dans un trou d'incommunicabilité. N'importe, Monique est super mignonne. Claudicante mais alerte elle nous entraîne vers la partie du mur qui n'en est pas un, ou plutôt vers l'angle du carré qui cesse d'être un carré, c'est-à-dire vers l'endroit où il y avait une chapelle et il n'y en a plus. De sa canne elle désigne l'absence:

« Il y avait une chapelle. Il n'y en a plus. »

Derrière l'absence il y a une barrière. Et derrière la barrière, incroyable, c'est là qu'on prend conscience de l'épaisseur des temps historiques, n'est-ce-pas ma poule? Un immeuble. HLM-barre.

Monique insinue sa silhouette octogénaire entre les tours et d'autres petits jardins, sans chats, en déblatérant quelque chose sur un escalier: évidemment il est difficile de se concentrer sur son escalier, et même sur l'insoutenable manque de chats qui affecte cet espace, quand on a sur sa droite trois tours dans le genre hideux. Les deux touristes se renseignent:

« Toujours ces promoteurs! Ils ont vendu nos terrains il y a cinquante ans [comprenez: le lieu était fort agreste et empli de poules veaux et ragondins, avant les années 1950], et ils ont fait ça à la place. Enfin, (Monique est philosophe) on peut dire que c'était mieux avant. On peut le dire. »

Monique montre son escalier.

« Ne faites pas attention à la peinture, c'est une idée de la copropriété; c'est violet; ça fait bordel de province: j'ai voté contre. »

L'escalier. Ah, fichtre, je vous emmène sur de mauvaises pistes: l'escalier est dans un autre bâtiment; allons-y, hop repassons devant les tours, entrons dans le bâtiment C, voici l'escalier.
Monique se juche sur la première marche:

« Refait selon les indications des Beaux-Arts! Tout en tomettes authentiques! Rampe repeinte dans un rouge authentique agréé par les Beaux-Arts! Du haut jusqu'en bas! »

Constatons. Oui c'est rouge. Fort aimable. Et ici un plafond à caissons. Monique reprend le ton docte qui lui sied tant:

« On [que d'insinuations louches contient ce « on »!] prétend que cet appartement, avec les caissons, était celui de la mère supérieure; et moi je dis qu'elle devait donner l'exemple aux autres soeurs, et n'habitait pas dans un lieu richissime; elle prenait la cellule la plus décrépite, si elle le pouvait. Ici, il y avait quelqu'un d'autre; je pense même... »

Monique déploie en rêve un cartulaire émaillé de taches. Sur la page de droite, que d'ordinaire elles laissent vides, les Ursulines ont écrit en jolie ronde la vie les oeuvres et moeurs vénérables d'un abbé qu'elles ont accueilli en la fin de sa vie, et du XVIIIème siècle.
Qu'il leur prenait d'énergie, aux pauvres soeurs! Avoir un homme chez soi, ça n'est pas tenable.
Le vieil abbé, donc, a renouvelé dix ans ses promesses de mourir bien vite, et par combinaison de douceur et de charme octogénaire il aurait obtenu une chambre plus convenable à ses besoins. Ma foi certes, on n'allait pas le loger dans le placard à fromages. Monique ne semble pas très horrifiée du naturel profiteur de son cher abbé; à force d'alimenter son existence par de nocturnes rêveries sur le vieux cartulaire elle s'est liée d'affection – à quoi cela tient-il...
En silence et grande componction Z. et P. rendent hommage à l'abbé.

Au sortir de l'escalier un troupeau plus épais de chats s'empêtre dans leurs jambes, et P. appréhende une claudication mortelle de la guide; autant fuir tout de suite, avant que de devoir la sortir des griffes des matous: Dieu sait si pour les remercier elle n'irait pas les emmener aux Archives nationales! Le flux félin s'épaississant toujours, Z. et P. se consultent, organisent un repli groupé:

« Regarde la vieille voûte médiévale, par là! »
« Par où, par où? »

Monique se débat entre les amas poilus qui lui grimpent sur le torse; une seconde encore et elle va s'effondrer -
« Oh la magnifique charrette Renaissance! »
« Mais oui quel alliage magnifique du fonctionnel et du grandiose. »
Dans un bruit lamentable Monique succombe sous le poids cumulé des chats, et elles rendent grâce au fronton, aux soeurs, et à l'inventivité géniale des hommes qui oeuvrent tant de belles choses.

Perséphone, avril 2008

mardi 1 avril 2008

Pour la route



peut-être que Lilousse pourra nous dévoiler tout sa science en nous expliquant comment ce fait-ce que notre ami Louis ait une voix...une voix...cette voix, quoi ?


Et puis une grande Dame qui chante les yeux fermés et à gros flots :



La même Grande Dame qui a attrapé une drôle de grippe (vous allez trouver que je fais une obsession mais c'est quand même assez rigolo)



(allez danser là-dessus...)

Voilà une version plus...moderne



Ainsi qu'une version plus...sophistiquée




Enfin, pour finir chez les classiques, 2 p'tits vieux au Moulin Rouge
Qui trouvera qui est la vieille dame ?