dimanche 30 décembre 2007

il existe un endroit

entre la Corée du Sud et la Corée du Nord


cet endroit de 243 de km de long et de 4 km de large, est un no man's land, miné, où personne n'a pu rentrer depuis 1953, et qui sépare les 2 Corées



et bien , Mesdames et Messieurs, cet endroit est un havre


farpaitement


car il abrite aujourd'hui les derniers spécimens d'espèces aujourd'hui disparues dans les 2 Corées : l'ours noir d'Asie, le lynx, le cerf porte-musc, le cerf d'eau, la martre à gorge jaune, le goral (une chèvre de montagne en voie de disparition), la panthère de l'Amour (quasiment éteinte), grues du Japon, grues blanches, grues à cou blanc, ouettes de Magellan, oies des moissons, oies des neiges (disparue en Corées, abondante dans cette zone démilitarisée, ...



totalement protégées de toute incursion humaine (à part les pluies acides et les hauts parleurs hurlant des insanités de part et d'autre des barbelés) depuis plus de 50 ans






Pourquoi ces espèces ce sont-elles réfugiées ici ?
sur ce terrain miné
coincé entre 2 millions de soldats
...


et bien parce qu'au nord : les labours se font à la main, et on y ramasse la moindre graine qui traîne, ne laissant plus rien aux oiseaux, donc aux panthères.
Les autres espèces qui survivent aux hivers de -30°C, sont mangées par les paysans affamés.


Au sud : la mégapole, l'industrialisation, la déforestation, les voies express etc...enfin on connaît la chanson





Personne ne l'admettra mais tant que durera cette guerre, survivront toutes ces espèces.

vendredi 28 décembre 2007

aujourd'hui nous apprenons un nouveau pays. Quel est-il ?

In other countries, dynasties are episodes in the history of the people. In the.... ..., peoples are a complication in the history of the dynasty."



In 1918, as Clemenceau rather brusquely put it : 'L'...., c'est ce qui reste."



"If you don't keep a grandmother in..., you may well keep a dog or a cat. Canine pets have rached such numbers in V... that 15 tons of faecal matter are deposited monthly on the city streets. (...). A democratic solution to dog shit has yet to be found."



"Hand-shaking is a national pastime and latecomers to committee meetings hold up processings until all available flesh has been pressed."



"They are used to heavy food and can despatch astonishing quantities of it very rapidly and in a manner that might be said to display grace under pressure."



"Fal de rih, fal de rah, fal de ra ha ha ha, ra ha ha ha, rah!"



"As far as the V... are concerned, a good day's rambling in the dark and gloomy W...wald is just what the doctor ordered, and can be combined with the ritualistic activity of Schwammerlsuchen, mushroom hunting.
In the late afternoon, comes the climax of the day, a Jause, euphemistically described as a "snack", but to non-... a full meal."



"Unlike the happy wanderer, the urban hiker's hat sports a number of subtle differences of cut and presentation, for example, the addition of silly badges."



"The A... sense of humour was admirably summed up by a general, who reacted to the approach of yet another military catastrophe with the airy observation : "the situation is hopeless, but not serious"."




source : Xenophobe's guide to the A...", by Louis James, 1994

mercredi 26 décembre 2007

reponse à votre honoré du tant

je vous dire moi, ce qu'on fait quand on a fait ce qui est marqué au post précédent :


on se tape un méga intoxication alimentaire (j'avais oublié de vous parler des crevettes)



et on dégueule en plein déménagement du jeune couple tout tendre et tout mignon (qu'y z'ont que ça à faire un 26 décembre : de déménager, nan mais j'vous jure)




affablement appuyée contre le poteau du parking



et sportivement soutenue par maman (qui ne trouve rien d'autre à faire que de se bidonner en douce en m'apportant une bouteille d'eau)




merci maman

mardi 25 décembre 2007

que fait-on ?

que fait-on lorsque l'on croit avoir avalé l'équivalent du tiers de son propre poids en foie gras, dinde au marron, tarte au citron meringuée, dattes fourrées, meringues aux noix tellement sitzengeblieben qu'elles en deviennent carrément lied down, salade de fruits, macarons, fromages divers et variés (plus dans la variété puante et coulante que sans odeur ni couleur),

le tout : 3 fois en 1.5 jours





je vous rappelle que pour faire le fameux foie gras on a gavé la bestiole pendant quelques semaines avec l'équivalent à taille humaine de 24 kg de spaghettis 4 fois par jour



alors ? me sens-je comme l'oie ?




ou plutôt comme l'ours polaire à la fin de l'été qui retourne poussivement et blindé de graisse dans sa tanière pour y faire un bon gros dodo digestif de plusieurs mois ?



plutôt comme l'ours, je dois vous avouer

quoique j'ai peur de me coucher

oui j'ai peur que "ça" ne...déborde

oui, comme dit si élégament mon papa, "j'ai les dents du fond qui baignent"





...







merci papa

lundi 17 décembre 2007

la vvvieille en vvvvvison

ce matin

réveil

douche lavage de cheveux

habillement :

collants+pantalon,
t-shirt+gilet+pull,
châle+manteau+re-châle sur la tête, bonnet,
gants,
gros godillos

et pour cause : il fait 0°C (c'est ça rigole, Dodinnette)


je file au supermarché m'acheter 2 pains au chocolat pendant que je vois le tramway passer

je me dis chic j'attrape le prochain




je vais à la caisse


y a cette petite vieille là que nous connaissons tous qui se glisse mine de rien avec un grand sourir hypocrite devant moi

qui radote

enveloppée dans son vison

et qui A LE CULOT !!!! DE ME DEMANDER 60 CENTIMES POUR S'ACHETER SES BONBONS !!!!!!!!

NON MAIS JE RÊVE

"QUE NON", lui dis-je, "j'ai pas"

"Ah ben, mademoiselle la caissière vous pouvez sortir de votre caisse faire le tour de la barrière et aller me chercher des bonbons moins cher ? merci"

Moi : "grumopflblbl"

La vieille : "je radote je radote je te raconte ma vie et je te fais ch..."


Bon

Je paye finalement je me tire, je me dis qu'il faudrait quand même que j'arrive à l'heure à la fac j'ai un contrôle

BOUM : "En raison d'un incident technique le réseau TRAM est perturbé"

Faich'

jeudi 13 décembre 2007

lecture

ben voilà,

Perséphone vous a abreuvé de 3 posts

moi de quelques'uns sur les déchets

ça m'aura donné quelques semaines de paix vis-à-vis de la rédaction de mon blog et de la tenue en haleine de mes spectateurs

aujourd'hui vous me voyez sans masque, sans fards, sans parade

et pour cause : JE N'AI RIEN A VOUS RACONTER

du coup j'en reviens à ma lecture du moment : La Théorie des Cordes, de José Carlos Somoza

un polar dans le monde scientifique. Les héros sont des physiciens théoriciens, et ont trouvé un moyen d'ouvrir la boîte de Pandore et de faire un bouquin de 500 pages, absolument pa-lpi-tant, angoissant...TERRIBLE
ça m'empêche de dormir, ça m'obsède en cours, je l'emmène partout avec moi même si je sais que je n'aurai pas le temps de le lire, je lis même en faisant la queue à la caisse du supermarché, en laissant tomber les patates !!



Connaissez-vous un bouquin qui vous fait le même effet ? donnez le moi !!!

mardi 11 décembre 2007

môman

ma sainte mère est quelqu'un d'assez étonnant

j'ai décidé l'autre jour de me pencher sur son cas (avec son humble accord)



Madame est une expatriée. Elle est venue de la Lune (seule explication plausible pour expliquer l'existant) pour se marier sur Terre avec un Grand Barbu Blond qui s'est empressé de l'emmener manger des wienerschnitzerln pour lui souhaiter la bienvenue.

Madame est une adepte du recyclage, c'est à dire qu'elle affectionne récupérer sur les trottoirs ce que d'autres ont jugé bon de bazarder.
Nous avons récupéré comme ça des tables, des lits, des vélos, que sais-je encore.



Mettons nous en situation.



Il y a quelques années Madame s'en va à la messe. Elle croise sur le trottoir des malles en plastiques (qui ont depuis changé 3 ou 4 fois d'adresse). Ces malles sont propres, en bon état, et "sûrement que dans les 15 prochaines années ça pourrait servir", qu'elle se dit.



"Allez viens', qu'elle dit au Grand Blond Blasé, "on les volera après la messe"

vendredi 7 décembre 2007

Perséf' : 3ème round

Jour 3 Méditation hivernale


L'étrange effet du froid sur les silhouettes! et sur le fonctionnement presque accéléré de nos cervelles comme enhardies à l'action – et pour P. qui n'a pas dormi beaucoup cela signifie plus de rigueur, plus d'austérité, plus d'application dans la réalisation de son travail. Et si! sans doute, le froid avive l'intelligence de ceux que les travaux de brutes du déchiffrement de l'ancien français rebutent à ces heures matinales.

P. s'abandonne à de poétiques rêveries en descendant le nez au vent gelé la rue de Belleville. Il lui semble que la grève et ses multiples effets pervers sur l'achalandage des bornes à Vélib' se sont réduits à une faille dans l'entendement qu'elle a de son Créateur. Elle s'élance fervente et court entre les poubelles retournées. Tout est simple puisqu'elle dort dans son gilet fourré.

Laissons nos âmes frustes s'élever quelques lignes sur les ailes délicates de la poésie lyrique, et prendre au gré des rues, des pavés et des squares le rythme presque intime de la marche dans Paris, cet étagement superbe des piétinements de la foule déshabituée du sport, du pas nerveux et vif des quelques hommes d'affaires qui se pressent au travail, de l'avancée conquérante et précipitée de notre narratrice, pour l'instant endormie, mais décidée quelque part au fond de sa cervelle meutrie à vaincre la distance. Cette harmonie c'est la grève, ce pas rythmé c'est Paris qui se soulève. (Excusez-moi, je crois que je plagie Michelet)

Déjà un peu héberluée des conséquences de la vinasse et du coucher tardif P. pâtit un peu plus de la surpopulation des avenues.
On dirait que la moitié des Français ont réappris à faire fonctionner leur corps. Qu'ils s'y prennent avec la maladresse touchante et insupportable des malades qui reprennent l'habitude de parler après un grave accident.
P. s'abandonne à la contemplation morose de son Paris, non pas celui des marcheurs, mais celui des immeubles qui, par un hasard insigne, ne sont pas haussmaniens dans ces régions nordiques, mais gagnent au soleil de novembre un lustre minéral qui lui rappellent Braudel (si si) et les cours de sixième sur le quartz et les pierres qui brillent.

Emboutissant par-ci, emboutissant par-là, elle se souvient d'une nuit, passée en compagnie sur les Champs-Elysées, et absolument ratée: comment rentrer alors, à près de deux heures et quand le quartier reste, hormis dans ses axes les plus fameux, inconnu et hostile?
Conclusion de la blonde: allons en bus.
Conclusion de la brune: allons en Vélib'.
Conclusion vérifiée: puisqu'il n'y a ni l'un ni l'autre, allons à pied.

Les arrondissements de l'Ouest sont vides et mornes et déprimants. Mais autour de la rue Montaigne, Rue de la Mode – et non rue à la mode! - les arbres dessinent sur les façades blanchies à la lumière de la lune des formes étirées qui évoquent très franchement les décors métalliques de nos féeries de Noël, dans les classes élémentaires de Marmande. P. sent toujours se retendre en elle quelque ressort mystérieux de son humeur quand elle aborde les quartiers bourgeois. Et l'enthousiasme des deux autres jeunes filles de l'aventure ne nuit pas au climat de conte – dans les façades glacées, dissimulées parfois par de gros sapins verts que leurs propriétaires l'âme artiste ont égayé de boules de verre et d'objets en acier, reluisent des particules de mica. Ou bien ce n'est pas du mica. Comment savoir, tout le monde n'est pas scientifique. En tout cas seuls les quartiers bourgeois savent reluire ainsi la nuit. Cette constatation stupide lui arrache quelques larmes.

Revenue rue de Belleville de sa rêverie diurne P. songe qu'elle doit se hâter. Il lui apparaît aussi que pour la cohérence de sa narration elle a tout intérêt à arriver bientôt aux péripéties de la soirée, portées par le souffle pathétique de la Grève et du Peuple. Evidemment à l'heure de courir vers l'ancien français elle n'imagine pas encore les complications à venir, mais nous, qui bénéficions à sa place du recul commode du temps, y pourvoirons pour le lecteur.

P. qui se targue d'avoir une vie sociale compliquée sait d'avance qu'en restant rue d'Ulm jusqu'à des heures avancées elle n'a aucune, mais aucune chance d'avoir un moyen de transport décent qui la ramène à ses logis; mais elle préfère risquer sa vie sur une ferraille déboulonnée que mourir d'ennui tout l'après-midi en feuilletant des revues dans sa chambre: à vingt-deux heures, silhouette massive dans son manteau de bourgeoise qui lui fait paraître cent kilos, elle descend de l'Annexe et entame vers le Panthéon un périple de six minutes qui lui laisse dans la bouche un premier goût d'aventure.

Dans cette histoire nous devons reconnaître que P., en général, imagine un peu sa vie et toutes les péripéties qui l'emplissent – j'entends par là qu'elle-même se crée des complications, à la recherche, d'abord, du fameux frisson d'angoisse qui lui parcourt immanquablement l'échine au moment de les subir, ensuite, du plaisir un peu vain de les raconter dans les interminables dîners qui rythment son existence désoeuvrée. Et de les raconter aussi dans ces pages (imaginez un peu qu'elle se fourre dans ces situations pour vous servir de la chronique!).

J'en viens au fait: P. dans la rue, alors que pour l'instant rien de bien grave n'est arrivé, qu'aucun poivrot n'a cherché à la molester, et qu'elle n'a pas même la certitude positive qu'elle ne va pas, ne peut pas trouver un Vélib' dans les six minutes qui arrivent, se suprend déjà à parler toute seule. C'est sa manière d'exorciser la folie et le meurtre.
Lorsque par hasard elle trouve une borne, elle lui parle. Elle parle au vélo qu'elle pourrait choisir (mais qui n'a pas de pneus). Elle parle au petit clavier dont les touches déglinguées s'enfoncent sous ses doigts hésitants. Elle parle à son abonnement, à sa main droite, et parfois aux passants quand par malheur son enthousiasme de solitaire refoidie la fait se détourner des choses inanimées vers le grand monde des hommes. Alors une confusion grotesque s'empare de son visage. Mais déjà le passant est loin.

Comme d'ordinaire les quatre premières bornes du chemin sont hors d'usage. Il faut croire qu'au loin d'y glisser avec toutes les précautions de l'amour une carte bleue dans la fente noire les précédents ont tenté d'y forcer un tronc ou la lame hérissée d'une tronçonneuse en action: la borne si par hasard on propose de lui donner de l'argent entame une longue série de piaillements spectaculaires et odieux.

Toujours raidie, toujours parlant toute seule dans ses fourrures et son col en lapin, P. déambule. La voilà face à la Bâtisse Auguste, la Sorbonne tant décriée où à cette heure dorment les milliers d'ouvrages qui alimenteront demain la soif de savoir des enfants, les amphithéâtres et leurs fresques dont les teintes rousseâtres sommeillent à la lueur des veilleuses, les quelques gardiens attardés qui lentement tournent et retournent dans ce temple de la science qui n'enseigne plus rien et entraîne dans ces profondeurs d'ennui toute une génération désireuse pourtant du Progrès.

Bon Dieu, n'est-ce-pas une station pleine ici? Carte. Doigts agiles et comportement sûr: P. décroche son vélo (dans sa hâte elle se tait), y fixe avec lestesse son sac tatoué de chats aux moustaches expressives et se hisse dans dans sa grande lourdeur sur la bécane usée par la course.

Pédalons.

Par extraordinaire aucun des pneus n'a enfilé de bout de verre: péniblement, en soufflant fort, notre héroïne remonte vers le Boulevard. Le Vélib' n'est pas l'engin adéquat des grandes équipées juvéniles au travers d'un Paris désert; quand bien même il serait en état celui-ci pèse toujours vingt kilos et son guidon tourne et vire sur sa tige; mais engagée sans plus aucun souci du monde dans les voies à bus et taxi des dernières rues de la rive gauche P. sent, comme l'on dit chez Marie de France, « le corage li monter en haut », son coeur s'égayer dans la nuit.

Je n'ai pas encore disserté sur les dangers de ces trajets dans le noir. Tous nos compatriotes qui cet hiver de grève se sont essayés au vélo n'ont pas pris tout le temps d'apprendre le code de la route. Je parle de P. en l'occurrence.
Je parle de P. qui distingue rarement les routes à contresens de celles qui s'offrent à ses roues, les vrais trottoirs des terre-pleins minuscules, et les avenues des rues sans risques.
Je parle de P. dont les mains exposées au vent se crispent chaque seconde un peu plus autour des poignées de caoutchouc, et qui, par conséquent, actionne sans le vouloir les freins à chaque frisson le long de ses bras. ( > risque de se casser la binette). A tous les stops, à tous les feux, elle souffle sur ses mains glacées et tente de redisposer harmonieusement autour de sa face les quelques mèches de sa chevelure qui ne sont pas figées encore en stalactites, pour impressionner (peut-être) les cyclistes qui attendent aussi le passage, et sont jeunes, mâles et avenants.

Avenue de la République, voyant qu'elle ne pourra plus rouler car elle n'a plus la force d'actionner les pédales elle se jette en travers en tenant son vélo, non pas sur l'épaule, mais cahin-caha par où elle peut, à moitié entre les orteils; elle traverse. De l'autre côté elle est chez elle.

Reste la montée.

La montée qui autrefois épouvantait les ouvriers de Belleville employés aux manufactures des dixième et onzième, et pour lesquels la Ville a fait installer un tramway, puis le métro, qui court encore sous les rues selon son trajet d'autrefois. La montée - que ce soir P. va franchir toute seule sur son petit Vélib' en miettes.

Rue de la Fontaine au Roi elle ahanne, appuie, gigote et appuie de nouveau, talonnée par les taxis et les enfants de six ans qui debouts sur leurs grandes pattes vont plus vite qu'elle sur sa machine. C'est la victoire de la volonté sur la chair qui se joue à cette heure. Si elle n'avale pas cette côte c'est tout un projet de vie bâti sur la prouesse et la sublimation de soi qui s'effondre à ses pieds. Zut, encore un feu. Pourquoi mettre tous ces feux la nuit? Qui donc a besoin de s'arrêter?

Dans un ultime effort arraché à son corps brisé elle croise le Boulevard de Belleville jonché encore des détritus de la journée et des débris du marché du matin, où se promènent les chats et leurs longues babines noires: engagée dans une voie de cycliste elle fait semblant de pouvoir aller vite, repère une borne – euh, pleine – accélère un petit peu – ue autre borne! Une autre par pitié, que ce supplice s'achève! – la voici – descend, s'appuie à la selle pour ne pas défaillir, raccroche la bête à son plot mérité et s'en va vers le Nord sur ses jambes qui cahotent, raides comme le Casse-Noisettes du conte – le froid, la fatigue et l'orgueil.
J'ai trouvé un Vélib'!

(novembre 2007)

mardi 4 décembre 2007

qu'est-ce qu'on fait avec les ordures ? on peut les incinérer

avec plein de camions



je m'en vais ramasser les poubelles de mes concitoyens.

Malheureusement je suis dans une ville où on ne trie pas encore, alors ça fait pas mal de saloperies.

Avec mon camion-super-et-tout j'amène ma précieuse récolte au centre d'incinération.
Je verse le tout dans une salle de stockage : 10 m sous le plafond + 6m de profondeur sous le niveau du sol.
Cette salle doit être remplie jusqu'au plafond à l'aide d'un grapin (3.5 tonnes) manipulé par un charmant môssieur dont la cabine se situe près du plafond, et où ça pue sa mère, grave.
Par contre la vue est imprenable.







Cette salle est remplie en ... 2 jours 1/2 (250 000 personnes affiliées)

Elle est également soumise à une constante dépression de manière à maîtriser tout départ de feu. Les fours sont également en dépression, de manière à ce que vous puissiez en ouvrir la porte sans rien craindre en matière de retour de flamme.


Une fois que la salle de stockage est remplie, on allume les brûleurs dans les fours pour arriver à 850 °C.
A partir de ce moment le grapin commence à remplir le four.






(ce four là est en maintenance, n'est ce pas)


Sur le sol vous voyez une espèce d'escalator : il avance très doucement au-dessus de brûleurs et d'injecteurs d'oxygène, ceci afin de maîtriser le feu.
Une fois que les déchets sont arrivés au bout du tapis roulant, leur incinération est censée être aboutie, et ils doivent être éteints, comme on le voit d'ailleurs sur cette superbe photo. (prise par la porte ouverte du four, avec les cheveux volants vers le feu)


Il ne reste plus que des cendres, des résidus calcinés etc.

Le tout refroidi, on récupère les éventuels liquides suintants.

Puis on en retire tout ce qui est métallique, on rebroie, et on fait un tas.



Ce tas que vous voyez est tout ce qui reste de une semaine d'ordures.
Il est laissé à l'air libre pour solidification, sur un sol imperméabilisé et drainé. Ensuite revendu à raison de 1€/t, on peut le réutiliser en technique routière, c'est à dire sous vos pneus, en tant que soutien sous l'asphalte.





L'incinération vient après l'enfouissement en matière de tonnes de déchets gérés.


1 tonne de déchets incinérés nécessite
20 kg de bicarbonate, 500 kg de coke, 1.3 kg d'eau ammoniacale pour le traitement des fumées
6 tonnes d'air
250 litres d'eau
85 kWh

et produit
560 kWh (90 % revendu à EDF à 45 €/mWh (moins que l'éolien) , 10 % réinjectés dans l'usine)
3 tonnes de vapeur
300 kg de résidus et cendres (dont 25 kg de métaux)
650 kilos de gaz rejetés après lavage et filtration





En France l'incinération avec valorisation énergétique (c'est à dire production de chaleur ou d'électricité) est considérée comme du "recyclage". Ce n'est pas le cas dans tous les pays européen (exemple : l'Autriche) dans lesquels on observe donc peut d'incinération.

Du coup, la solution consisterait-elle à rier de plus en plus, de manière à produire de moins en moins de déchets en mélange, qu'aucune filière de "recyclage matière" ne voudra reprendre ?

Pas si simple car en Europe on a choisit de limiter le plus possible l'enfouissement des déchets, en augmentant le coût de la tonne enfouit.
Quelle solution reste-t-il quand les déchets ne sont pas recyclables ? L'incinération.

Très bien. Mais donc nous envoyons à l'incinération des tonnages "épurés", "allégés" des papiers (recyclés), des métaux (recyclés), des plastiques (recyclés), etc.
Ce qui reste brûle...très mal. Et le mâchefers produit est de très mauvaise qualité.

Que choisir donc ?

dimanche 2 décembre 2007

Perséphone, 2eme round

Jour 2 La course à la mort

Il n'est plus question de patience. Il n'est plus question de grandeur. P sera fourbe ou ne sera pas. Toute la nuit elle a remué ses orteils glacés en songeant à la remontée, à l'âpreté de l'asphalte sous ses semelles râpées, au défilé inépuisable des bouches de métro barrées. Aujourd'hui Vélib' et aujourd'hui liberté.
Mais face à une borne les ressources de l'imagination parisienne sont proprement terrifiantes. Il y a, entre les divers types d'usagers de ce service municipal, trois grands profils que j'aimerais recenser pour vous:
– l'habituel, le snob, le désinvolte, qui porte dans les quatre grammes cinquante de sa carte Navigo des possibilités infinies de déplacements, puisqu'il lui suffit de tendre le bras au-dessus du plot à vélo pour que la machine se libère
– l'abonné à la semaine
– P qui recommence toujours les mêmes manoeuvres et entre les mêmes codes, par défaut d'humeur créatrice. Elle ne s'abonne qu'à la journée.
Il faut voir qu'à imprimer un reçu à chaque tentative de récupérer un Vélib', on perd beaucoup de temps, et P songe qu'un jour un malfrat lui appliquera sur le crâne un coin de barre de fer au moment où elle enfourne sa carte bleue dans la fente impassible: moyen facile de se faire de l'argent sur le dos des blondes en goguette. D'autant que pour affronter les rigueurs du pédalage, elle a revêtu une tenue sport qu'on peut réellement qualifier d'indécente: un jean serré – des chaussures échancrées – une veste enfin dont la laine à grosses mailles laisse entrevoir Dieu sait combien de choses dans l'esprit pervers des promeneurs. (Nous reproduisons ici le monologue intérieur de P, sans l'assumer bien sûr).
Arrivée place de la République, déjà un peu agacée, P. décide d'user de ses charmes juvéniles pour décrocher un Vélib' en escroquant ses voisins. Station quasi-vide; une famille entière derrière elle: elle prend le parti d'être odieuse et commence à taper ses codes. Mais voilà qu'en face d'elle, de l'autre côté de la borne, un abonné à la semaine dégaine nonchalamment sa carte!
Longue plage de silence dans son crâne.
Elle contourne doucement la borne, en gardant par sûreté une main sur son clavier, et sussure à l'oreille du type:
« Quel vélo prenez-vous?... »
Elle sait pertinemment que sur les quatre qui garnissent à cette heure les fourches, seul le dix-septième est en état d'avancer, et que les autres, obéissant à cela à une grande loi de la Nature, n'ont pas de chance ou pas de guidon.
« Quel vélo prenez-vous Monsieur?... »
Le type relève deux yeux rêveurs.
« C'est que, je m'excuse, il faudrait éviter de réserver le même... On ne sait pas, la borne pourrait dysfonctionner.... »
Sourire fat du Monsieur.
Les doigts de P. se crispent incognito sur son clavier. Qu'a-t-il besoin de réfléchir autant?
« Bien sûr... Je prends le 20. »
P. incline gravement le chef comme à la nouvelle d'un décès. Il lui reste à créer un code.
Le type décroche le 20 et part sur quelques mètres à la dérive sur un vélo sans chaîne, entraîné sans plus rien pouvoir par la machine facétieuse jusque sans doute au premier choc avec un camion de quinze tonnes. P, satisfaite et amusée, détache ses yeux de son clavier. Le dix-sept vient de partir sous les fesses athlétiques d'un abonné à l'année.
Dans une autre occasion cet épisode se serait conclu autrement. P. aurait eu son vélo, mais grâce à l'intervention seulement d'un petit enfant aux yeux en amande, préposé à la résolution des problèmes bizarres. Imaginons un instant que cette histoire soit vraie. Dans cette chronique d'ailleurs tout est vrai, et c'est bien ce qui l'attriste, et moi avec elle, et nous tous, lecteurs, avec cette pauvre fille qui a tant de peine à aller étudier son latin.
Au moment où P, effondrée au pied de la borne, sent s'écouler hors d'elle toute sa gaîté et son appétit à la vie, surgit un gnome aux yeux de braise. Tout d'abord elle ne le voit pas, parce que la famille derrière elle a commencé à s'emporter. La pantomime au pied de la borne leur semble un brin suspecte.
« Mais enfin il n'y a pas de vélos, vous le voyez bien ils sont tous cassés » - elle lance vers les plots sa main paume vers le ciel.
« Si Mademoiselle il y a un vélo. »
« Vous entendez ce que vous dit cet enfant? »
« Non je vous dis qu'ils sont tous cassés c'est ROUGE nom de Dieu, ce n'est pas parce qu'ils sont là qu'ils ROULENT »
« Mademoiselle il y a un vélo je vous assure c'est le mien c'est moi qui viens de le remettre. »
Silence.
« Tu veux dire que, euh, il marche? Enfin, hum, tu l'as essayé?... »
« Ben ouais. Il marche. »
« Ah mais c'est très bien tout ça! »
P. bondit, récupère le numéro 9 et laisse toute la famille en plan auprès de la borne inutile.
Le petit enfant a presque un peu exagéré en disant que son vélo marchait – un peu, parce qu'aux meilleurs tours de roue la machine avance assez bien, et épargnera peut-être une heure de marche à notre héroïne harassée. Mais précisément il lui est interdit de ralentir. Si elle relâche quelques secondes entre les voitures arrêtées la pression sur les pédales, si elle tente de se frayer un chemin à moindre allure entre les passants amassés, elle manque de dérailler – ou du moins, la chaîne cesse de s'engager naturellement là où naturellement elle s'engage, et la trajectoire se dédouble, un peu à droite, un peu à gauche, selon que le poids du corps se distribue plutôt d'un côté que de l'autre.
Eh bien elle ira vite. C'était l'idée n'est-ce-pas?
Pour sûr elle n'aurait pas dû mettre ses lunettes et se rendre du même coup aveugle. A contresens et sur une roue, elle traverse la rue du Renard. Pourquoi vont-ils toujours tout droit, quand elle voudrait aller à gauche?
Dix heures, rue d'Ulm. Elle descend et agite au ciel ses boucles blondes pleines de gel.